L’Ile de Haut-Soleil. Endroit peuplé d’une race dégénérée avilie par une soif de magie inextinguible. Ce que j’y fais ? Cela a peu d’importance, seul compte l’ennui profond que je ressens à accomplir la sinistre besogne que ce prétendu peuple supérieur daigne me confier.

Je les hais parce qu’ils sont faibles. Cette race décadente me donne la nausée, et si le peu de lucidité dont je suis capable n’était pas accaparé par des tâches ingrates et répétitives, je tirerais volontiers des cris de souffrance à quelques uns de ces chiens. Mais ma servilité apparente comporte des avantages, et mes employeurs ont l’art et la manière de faire oublier aux plus crédules leur insuffisance naturelle par leurs largesses. Décadents. Pathétiques. Ils méritent cent fois la mort. Mais le châtiment attendra, ils servent pour le moment mes desseins.

La vie m’est insupportable dans toutes ses manifestations. Ce chaos nauséabond et cacophonique me vrille les tympans et me retourne l’estomac. J’aspire à la quiétude, et pour tendre vers cet idéal, je donne la mort. Cela tombe à point nommé puisque c’est précisément ce que mes employeurs attendent de moi…

Je reviendrai pour eux.

J’ai rencontré des aventurières au cours de mon périple. Je ne désire pas mettre un terme à leur existence, du moins pour le moment. Quelque chose qui m’échappe émane d’elles. Je me suis jointe à elles et me laisse guider au gré de leur humeur. Nous tuons beaucoup, cela me plait. L’une d’entre elles me rappelle quelque chose. Je crois que je me souviens d’elle, mais c’est brumeux.

Nous avons quitté ensemble l’île de Haut Soleil et nous sommes avancées dans les terres, jusqu’à la méphitique et répugnante capitale elfe pour y acheter du matériel. Difficile de supporter cette masse de vie grouillant sans dispenser un juste châtiment à quelques âmes choisies au hasard. Pourtant, la présence de mes compagnes semble m’apaiser et canaliser les vagues de haine qui me submergent d’ordinaire. Cela m’intrigue.