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Juin

Le mektoub qui pleurait

   Ecrit par : Maelli   in Maelli

Kiatal prend une voix grave : Kami zo’taki no… Il était une fois…

… sur les anciennes terres, un honorable éleveur de mektoubs du nom de Zhai-Fo Quan.

Il était réputé dans toute l’enceinte du Grand Mur et vivait très confortablement mais son cœur était aride comme la sciure, à tel point qu’on disait de lui qu’il vivrait riche en dappers mais pauvre en amour !

Seule sa fille Lio occupait ses pensées. La pauvre enfant était chétive et boitillait des suites d’une grave blessure.

L’amertume de Zhai-Fo Quan ne faisait que grandir lorsqu’il voyait les autres enfants jouer et rire alors que la pauvrette devait se contenter du contact des bêtes de bât…

Mais un beau jour, Lio découvrit au milieu du troupeau un minuscule mektoub blanc tout poisseux de sang. Il était effrayé et tandis qu’il tentait désespérément de fuir, Lio s’aperçut qu’il boitait énormément.

Zhai-Fo Quan vit sa fille lui faire de grands de grands gestes et il accourut à sa rencontre. Mais lorsqu’il attrapa le petit mektoub et l’examina de plus près il sut que la seule chose à faire était d’abréger ses souffrances. Voyant la mine renfrognée de son père, Lio se jeta à ses pieds et lui dit :

« Regarde-moi, je ne peux pas courir comme les autres et pourtant je peux vivre. Je t’en prie ne le tue pas, laisse-moi le garder et m’occuper de lui. Il a besoin de quelqu’un qui comprenne sa douleur ! »

Zhai-Fo finit par céder face aux suppliques de sa fille et Lio garda le petit mektoub blanc. Elle l’appela Xia-Lu Xuangi et ils devinrent rapidement inséparables. La petite homine était métamorphosée, la joie illuminait ses journées ce qui faisait le bonheur de son père !

air tragique : Un jour la rumeur parvint jusqu’à leur foyer que des insectes géants avaient fait leur apparition sur l’Écorce et tuaient tous les homins sur leur passage.

Zhai-Fo Quan dit à sa famille de rassembler l’essentiel et de sceller les montures mais lorsqu’il vit Lio préparer Xia-Lu Xuangi, il perdit patience et dit méchamment :

voix masculine : « Tu ne prendras pas ce foutu mektoub estropié ! Il n’ira pas assez vite et nous devons fuir sur le champ ! »

Alors que leur maison disparaissait derrière un bosquet, Lio des larmes dans les yeux, fixait toujours le nuage de poussière qu’ils laissaient derrière eux. Soudain ses espoirs se réalisèrent lorsqu’elle vit à travers la poussière son ami Xia-Lu Xuangi qui peinait à les suivre mais y mettait toute sa volonté.

Profitant que Zhai-Fo Quan stoppait son mektoub pour dégager la route d’un tronc d’arbre qui gênait leur progression, Lio se hâta de rejoindre son ami.

Mais alors qu’elle le serrait contre son coeur, un kipesta surgit derrière eux.

La famille de l’éleveur fut pétrifié de terreur. Alors que Lio pleurait toujours de joie, inconsciente du danger qui la menaçait, Xia-Lu Xuangi aperçut le kitin et projeta Lio vers son père. Le petit mektoub blanc se cabra courageusement  face à l’insecte et jetta un dernier regard plein de larmes à la fillette

On dit de Zhai-Fo Quan qu’il mourut pauvre en dappers mais riche en amour car à cet instant il avait compris le pouvoir infini de l’amitié.

Cet article a été publié le jeudi 3 juin 2010 à 0 h 33 min et est classé dans Maelli. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Les commentaires et les pings sont actuellement fermés.

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